Pour une histoire de la radiesthésie

Pour une histoire de la radiesthésie

25 janvier 2023 0 Par Joel
Illustration de Moïse sourcier

L’histoire de la radiesthésie remonte aux temps les plus anciens. Les traces les plus anciennes remontent à quelques millénaires avec des découvertes de pendules dans les sépultures Egyptiennes, en Mésopotamie, en Chine ou chez les Celtes. L’histoire qui va vous être présentée est « une » histoire de la radiesthésie qui se veut plus occidentale et moderne afin de l’inscrire dans la pratique actuelle.

A – Moïse, le saint patron des sourciers

Illustration de l’empereur Yu

Moïse, qui avait la réputation d’être un excellent sourcier, est d’ailleurs leur saint patron. Dans le livre des nombres, 20 : 8 en parlant de Moïse : « Prends la baguette et convoque l’assemblée (…) et vous devez parler au rocher (…) pour qu’il donne vraiment son eau ».  C’est en effet en frappant un rocher de son bâton que l’eau en jaillit. La formation pendule est le meilleur moyen de découvrir cet aspect original de la radiesthésie.

B – Les premières origines écrites  

Les premières traces écrites de l’utilisation de la baguette ou du pendule remonterait à l’empereur Yu avec cette représentation d’une gravure chinoise sur bois qui daterait de 147 après Jésus-Christ. L’empereur aurait régné de 2205 à 2197 avant notre ère avec l’inscription suivante : « L’empereur Yu, dont le règne dura de 2205 à 2197 avant notre ère, de la dynastie Hsia, fut célèbre par sa science des gisements miniers et des sources. Il décelait les objets cachés. Il sut régler judicieusement les travaux de la terre selon les diverses saisons.

Dans l’antiquité, ce sont les Scythes, les Perses et les Mèdes qui utilisent la baguette. Les mytilènes (habitants de l’île de Lesbos), utilisaient également la baguette de sourcier comme nous dit Philostrate et serait à l’origine du terme de rabdomancie qui tient son origine grecque de rhabdos qui est la baguette. La baguette va alors rapidement prendre une vertu divinatoire avec un attribut divin et utilisé dans des cérémonies religieuses. Ces pratiques ont pu faire peur, comme en témoigne les travaux des papes et notamment ceux de Jean XXII qui a partir des années 1320 tente de qualifier les pratiques magiques et les invocations des démons comme hérésie. Jusque-là a priori aucun rapport avec la radiesthésie, sauf qu’il est précisé que l’utilisation d’un anneau suspendu à un fil peut être comparé à l’obtention de réponses à la manière du diable.

C – Les premiers grands praticiens

Avant l’époque moderne, la discipline est traversée par de nombreux hommes ou femmes de terrain qui ont sur apporter une marque indélébile. Voici quelques-un des grands noms.

1. Jacques Aymar et les baguettes divinatoires

La renommée internationale de Jacques Aymar débute en 1692 lorsqu’un couple de lyonnais marchand de vin est retrouvé égorgé dans la cave de leur maison. Dépourvu de toute forme d’indice à l’exception d’une serpe ensanglanté ayant servi pour le crime. Les autorités locales piétinent et un voisin lui également marchand de vin suggère de faire appel au sourcier du dauphinois natif et demeurant au village de Saint-Véran. Le procureur est tout d’abord sceptique et se dit finalement qu’il n’a rien à perdre, tout en prenant garde de ne pas friser le ridicule. Jacques Aymar (1657-1707), maçon de son état, est pris en charge par deux émissaires venus le chercher chez lui.

Arrivé sur place avec sa baguette, ils sont six dans la cave allumée par une simple bougie inspecte les lieux avec sa baguette. Les témoignages sont alors partagés par tous : le sourcier est pris d’étranges convulsions, de douleurs et s’en va à la recherche des meurtriers. Plus précisément, voici les témoignages : « il parut très-ému en y entrant ; son pouls s’éleva comme dans une grosse fièvre ; et sa baguette, qu’il tenait à la main, tourna rapidement dans les deux endroits où l’on avait trouvé les deux cadavres du mari et de la femme. Après quoi, guidé par la baguette ou par un sentiment intérieur, il suivit les rues où les assassins avaient passé, entra dans la cour de l’archevêché, sortit de la ville par le pont du Rhône et prit à main droite le long de ce fleuve ». Pierre Garnier, qui est médecin à Montpellier et qui a travaillé sur la question de la radiesthésie, précise la première découverte des assassins : « « dans cette maison, Aymar désigna une table et trois bouteilles comme ayant été touchées par les assassins. Ce fait fut certifié par deux enfants qui les avaient vus se glisser dans la salle… ». La formation radiesthésie ou la formation pendule va vous permettre d’appréhender tous ces éléments

Les découvertes sont troublantes pour le procureur du roi présent lors de ces investigations. Mais avant d’aller plus loin, un dernier test est mené afin d’être sûr qu’il ne s’agit pas d’une supercherie. Le meurtre a été effectué avec une serpe. On décide alors d’en présenter plusieurs comme le témoigne M. de Vagny, procureur du roi : « Comme on avait trouvé la serpe dont les meurtriers s’étaient servis, on prit plusieurs autres serpes de la même grandeur et on les porta dans le jardin de M. de Mongivrol, où elles furent enfouies en terre et sans que cet homme les vît. On le fit passer sur toutes les serpes, et la baguette tourna seulement sur celle dont on s’était servi pour le meurtre ».

2 . Aymar

parcourt alors les rues de Lyon, accompagné par une foule de plus en plus nombreuse et se dirige sur le Rhône. On prend alors le bateau jusqu’à Beaucaire et plus précisément devant la prison. Voici comment notre procureur décrit alors la scène : « Parmi les prisonniers qu’on amena, un bossu [Joseph Arnoul] qu’on venait d’enfermer ce jour même pour un petit larcin commis à la foire, fut celui que la baguette désigna. On conduisit ce bossu dans tous les lieux qu’Aymar avait visités : partout il fut reconnu. En arrivant à Bagnols, il finit par avouer que deux Provençaux l’avaient engagé, comme leur valet, à tremper dans ce crime ; qu’il n’y avait pris aucune part ; que ses deux bourgeois avaient fait le meurtre et le vol, et lui avaient donné six écus et demi… »

La recherche des deux complices se poursuit. La troupe suit le parcours jusqu’à Toulon. Tout le monde prend le bateau et revient quelques jours plus tard, ayant perdu la trace des criminels. Joseph Arnoul paiera pour les crimes commis par ses complices, roué vif à Lyon le 30 août 1692, sur la place des Terreaux.

Passé cette expérience qui fait de Jacques Aymar une star reconnue bien plus loin que dans le Dauphiné. Mais les doutes prennent vite le dessus, notamment parmi les philosophes et les religieux qui voient dans ces aventures l’œuvre du diable.

C’est le prince de Condé qui se charge alors d’évaluer par une série d’épreuve pour savoir s’il s’agit d’un charlatan ou non. Le sourcier est amené à Chantilly. La première épreuve consiste à cacher de l’or dans le parc, mais il se trompe. Par la suite, deux flambeaux de toilette en argent ayant été volés, le sourcier amène la troupe de témoins jusqu’à Paris chez un orfèvre du nom de Boursin. La fin de ces expériences est assez troublante, il parvient à certains succès et par ailleurs d’autres échecs. Il aurait alors avoué « qu’il ne savait rien de tout ce qu’on lui avait attribué » puis se retire dans sa région natale.